Presse 2020 (Science-et-Vie)

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Belles au Bois DORMANT

Le recyclage des automobiles usagées n’a pas toujours été une priorité industrielle. Comme en atteste le saisissant travail photographique de Dieter Klein, cette tâche ingrate a longtemps été confiée à la nature. Le photographe allemand a parcouru plus de 60000 kilomètres à travers 39 États américains et 5 pays européens pour dénicher des images parfois incroyables, aujourd’hui rassemblées dans le livre Lost Wheels. Des tableaux à la force esthétique indéniable, traces d’une ère révolue. Nous l’avons interrogé sur cette quête un peu folle. Propos recueillis par Julien Bolle.

Cela fait des années que vous travaillez sur ce projet. Pourquoi publier un livre maintenant? Ce travail est-il terminé?

Il était temps de publier les photos. Et il me fallait trouver un bon éditeur, dont la ligne éditoriale soit cohérente avec mon sujet. Ce n’est pas la première fois que je publie ce travail. Mais depuis le dernier livre, j’ai découvert beaucoup de nouveaux sites. À l’exception de quelques grandes favorites, le livre ne contient que des images non publiées. On ne clôture pas un tel projet. Cela dit, de nombreux sites sont maintenant nettoyés, et ces motifs tendent à disparaître. Mais si demain je découvre un nouveau spot ou même le moindre indice, je pars avec mon matériel. Mon projet actuel, c’est d’aller présenter ces photos un peu partout en faisant des conférences.

Quand avez-vous réalisé que photographier des voitures abandonnées allait vous occuper une partie de votre vie?

C’était en France, à Cognac, à l’été 2008. Je suis tombé sur cette Citroën Rosalie de 1935, complètement recouverte par la végétation. Ce motif a déclenché en moi un profond enthousiasme. Pour moi, ce n’était pas un déchet, cela l’avait rien de morbide, c’était plutôt une image sortie d’un livre de contes de fées. Quel beau paradoxe: une automobile pensée pour être conduite, mais qui ne roule plus. Plus jeune, j’aurais fantasmé sur la façon dont ce petit camion aurait pu être restauré, mais cette idée ne m’est pas venue, plutôt l’inverse : surtout ne toucher à rien, se laisser aller à contempler le travail de la nature et le photographier. Saisir l’étonnement face à des forces invisibles mais inexorables. La nature reprend tout, au final c’est elle qui décide de la forme, de la couleur et du motif, créant de véritables oeuvres d’art.

Et chacune de ces voitures a une histoire à raconter…

Oui, elles ont eu une histoire, mais elles sont maintenant réduites au silence, laissant au spectateur toute la liberté de s’imaginer ses propres histoires. Il peut oublier le temps présent, projeter ses souvenirs. C’est du moins ce que je ressens, ces photos me procurent un état de bonheur.

Je suppose qu’il devient difficile de trouver des lieux inexplorés. Quelle était votre méthode de recherche?

C’était toujours un travail de recherche long, pénible, parfois éreintant. J’ai interviewé des confrères, des amis, des connaissances, j’ai passé au tamis les moteurs de recherche, j’ai consulté des blogs automobiles, des communautés de photographes. Et, j’ai exploré des paysages entiers pendant de longues heures avec Google Maps. Mais lors de mes voyages aux États-Unis, j’ai aussi reçu une aide précieuse de toutes sortes de personnes. Dans les petites villes, j’ai toujours rencontré une curiosité amicale. La fascination d’un photographe allemand pour des voitures abandon nées a fait rire beaucoup de gens et a aussi éveillé une certaine curiosité pour mon travail. De fil en aiguille, j’ai ainsi pu découvrir d’autres sites.

Quelle découverte vous a le plus frappé?

Découvrir la Dodge rose qui figure sur la couverture du livre était comme trouver une aiguille dans une botte de foin. Elle a également une belle histoire, qui est décrite dans le livre. L’endroit est au bout du monde, dans le nord-est du Montana. J’ai d’abord aperçu deux vieux silos à grain en bois, je me suis approché. Et juste derrière eux, il y avait cette scène avec la voiture et la maison. Je suis resté là pendant 6 heures pour obtenir cette douce lumière avec les nuages roses. Pour moi, c’était un “Big Shot”. Ce motif exprime tout le sens du projet: temps passé, esthétique photographique, scène surréaliste – un vrai conte de fées !

Comment votre équipement a-t-il évolué lors de la réalisation de cette série? Quelles qualités recherchiez-vous?

J’aime cette citation : “Je suis très humble. Je me contenterai du meilleur”. J’ai photographié à l’Hasselblad pendant de nombreuses années, mais la compagnie m’a laissé complètement seul dans le désert près de Las Vegas lors d’une panne totale. Alors je suis passé à un dos PhaseOne de 100 mégapixels. Je vois plutôt l’appareil comme un outil. Pour moi, ces fichiers volumineux signifient plus grande précision et meilleure dynamique dans les valeurs tonales.

Quels objectifs utilisez-vous ?

Les objectifs Schneider-Kreuznach sont tout simplement géniaux. J’utilise un 28 mm, un 40-80 mm, un 80 mm et un 80- 150 mm.

Vous accordez beaucoup de soin à l’ambiance lumineuse. Revenez-vous à différents moments pour trouver la meilleure lumière ?

Il y avait des motifs qui m’excitaient particulièrement, mais la lumière n’était pas toujours intéressante. Pour la photo de la Chrysler 1937 (avec ses multiples branches qui poussent à travers le pare-brise), il m’a finalement fallu trois jours. La zone était très intéressante. Mais avant que cette lumière douce et chaude n’arrive, il a fallu du temps. Je suis donc intransigeant, j’attends et je vérifie encore et encore jusqu’à ce que cela me convienne.

Combien de temps passez-vous en général sur un site ? Quelle est votre approche du sujet?

Cela peut durer entre trois minutes et trois jours! Cela dépend, bien sûr, de la lumière, de l’heure et de la possibilité d’accéder au sujet. Pour les scènes avec beaucoup de motifs, je me promène dans la zone sans déclencher et j’opère une sélection. Si j’estime que les motifs sont particulièrement bons, alors j’attends la bonne lumière. Parfois, j’ai dû attendre de nombreuses heures, j’ai parfois dû chercher un logement avant de revenir. Et au fur et à mesure j’en grange les scènes. Je réalise une série d’expositions pour chaque sujet, parfois sur trois, parfois sur cinq vues, et j’alterne entre le format portrait et le format paysage si le sujet le permet. Lors de mes voyages, j’ai travaillé entre 12 et 16 heures par jour. Le troisième voyage aux États-Unis a été le plus éprouvant, avec 14500 kilomètres parcourus en six semaines. À la fin j’étais essoré.

Utilisez-vous parfois un éclairage artificiel ?

Pour les contrastes extrêmes, j’utilise une puissante lumière LED. Et à la lumière du crépuscule, je balaie des parties du sujet avec de la lumière. Les temps d’exposition sont alors déjà supérieurs à une minute. Pour les photos de la grotte qui figurent dans le livre, j’ai utilisé quatre autres lampes de chantier avec accus en plus de la lampe de poche. C’était assez dur: nuit noire, humidité… mais totalement excitant.

Certaines images semblent avoir subi un post-traitement important. Quel équilibre recherchez-vous entre expression et réalisme ?

Pour un résultat optimal, je corrige par fois le contraste et les valeurs tonales, comme on peut le faire dans la chambre noire en photographie argentique. Afin de pouvoir imprimer toutes les valeurs et les nuances sur le papier, j’effectue aussi des corrections locales. Ce que je ne fais pas avec une image, c’est retoucher le contenu. Aucun nuage n’est ajouté ou enlevé, aucune clôture, aucun câble n’est supprimé. Je détermine non seulement le point de vue, mais aussi le contenu de chaque prise de vue. Et comme mes sujets ne s’enfuient pas, je peux le faire sereinement au trépied. Je montre une réalité complètement étrangère à de nombreux spectateurs, je ne veux donc pas être soupçonné de faire des photos truquées.

 

Schlafende Schönheiten im Wald


Das Recycling von Gebrauchtwagen war nicht immer eine industrielle Priorität. Wie Dieter Kleins markantes fotografisches Werk zeigt, ist diese undankbare Aufgabe längst der Natur anvertraut worden. Der deutsche Fotograf reiste mehr als 60.000 Kilometer durch 39 amerikanische Staaten und 5 europäische Länder, um manchmal unglaubliche Bilder auszugraben, die nun in dem Buch Lost Wheels gesammelt sind. Gemälde von unbestreitbarer ästhetischer Kraft, Spuren einer vergangenen Epoche. Wir haben ihn zu dieser verrückten Suche befragt. Befragt von Julien Bolle.

Sie arbeiten seit vielen Jahren an dieser Serie. Warum jetzt ein Buch? Bedeutet das, dass es vorbei ist?


Es war an der Zeit, die Bilder zu veröffentlichen. Und es sollte ein guter Verlag sein, in dessen Portfolio das Thema passt. Es ist nicht die erste Veröffentlichung. Aber seit der letzten habe ich viele weitere Orte gefunden. Bis auf einige Lieblingsbilder sind im Buch nur unveröffentliche Aufnahmen. Ein solches Projekt schließt man nicht ab. Allerdings werden viele Orte inzwischen abgeräumt und so verschwinden diese Motive. Wenn ich etwas finde oder einen Hinweis erhalten, dann packe ich den Fotokoffer. Jetzt möchte ich gerne mit diesen Bildern reisen und meinen Live-Vortrag zeigen mit dem ich schon erfolgreich auf Abenteuer-Festivals war.

Erinnern Sie sich an den Moment, als Ihnen klar wurde, dass das Fotografieren verlassener Autos eine wichtige Sache in Ihrem Leben sein würde? Welches Jahr war das? War es, als Sie dem Citroen Rosalie in Cognac begegnet sind, oder dauerte es etwas länger, bis Ihnen das klar wurde?

Es stellte sich bereits drei Stunden nach „Rosalie“ ein. Das Motiv löste in mir eine Begeisterung aus. Ich sah darin keinen Müll oder gar eine Assoziation zum Tod, sondern ich stellte mir vor, dass es eine perfekte fotografische Illustration für ein Märchenbuch wäre. Welch einen Widerspruch drückte diese Szene aus. Ein Automobil, ein fahrbarer Untersatz, der aber nicht mehr fährt. Vor Jahren hätte ich wahrscheinlich fantasiert, wie man diesen Kleinlaster hätte restaurieren können, doch diese Idee kam nun gar nicht auf. Eher das Gegenteil: bloß nichts anfassen, es einfach in Ruhe lassen und fasziniert die Veränderungen, die sich ereignet haben, beobachten und fotografieren. Dieses Motiv hat etwas Besonderes in mir ausgelöst. Der eigentliche Reiz liegt in dieser sehnsuchtsvollen Hinwendung zu Vergangenem und der Verblüffung über die unsichtbaren, aber unerbittlichen Kräfte: Die Natur nimmt sich alles zurück. Die Natur entscheidet am Ende über Form, Farbe und Muster. Dabei entstehen wahre Kunstwerke.

Was reizt Sie so sehr an der Betrachtung von verrottenden Autos ? Ist es die Tatsache, dass sie alle eine Geschichte zu erzählen haben?

Diese Autos hatten ihre Geschichte. Sie sind nun stumm, so dass der Betrachter die Freiheit bekommt, dass die eigene Fantasie eine Geschichte erzählt. Wenn der Betrachter die ästhetische Dimension solche Motive empfindet, dann kann er sich in eine eigene Welt hinein träumen, die Zeit vergessen, Erinnerungen geniessen. Mir geht es zumindest so, diese Bilder bescheren mir einen Glückszustand.

Einige Orte scheinen bekannt zu sein, andere sehr abgelegen. Ich schätze, es wird immer schwieriger, unerforschte Orte wie diese zu finden. Was war im Grunde Ihre Forschungsmethode?

Es war immer eine zeitaufwendige, anstrengende und bisweilen zermürbende Recherchearbeit. Ich habe Kollegen, Freunde und Bekannte befragt, im Internet unter Dutzenden Begriffen in Suchmaschinen gestöbert, auf Automobil-Blogs und Foto-Communities gesucht. Und manchmal auch stundenlang mit Google-Maps ganze Landschaften abgesucht. Auf den Reisen durch die USA bekam ich viel Hilfe von den unterschiedlichsten Menschen. In kleinen Orten begegnete mir immer freundliche Neugierde. Die Faszination, dass ein Fotograf aus Deutschland auf Suche nach verlassenen Autos ist, brachte viele Menschen zum lachen oder tieferem Interesse an meiner Arbeit. Und dann gab es immer wertvolle Tipps für weitere Fundstätten.

Welcher Ort hat Sie von all diesen Orten am meisten beeindruckt ? Und welcher war am schwierigsten zu finden?

Der rosafarbene Dodge auf dem Titel war neben dem fotografischen Erlebnis auch wie der Fund einer Nadel im Heuhaufen. Zudem hat er eine schöne Geschichte, die im Buch beschrieben wird. Der Ort liegt „am Ende der Welt“ im Nordosten von Montana. Ich sah zunächst zwei alte, hölzerne Getreidesilos. Dahinter erst verbarg sich die Szene mit dem Auto und dem Haus. 6 Stunden habe ich mich dort aufgehalten und am Ende das weiche Licht mit den zart rosafarbenen Wolken bekommen. Für mich war es ein „Big Shot“. Dieses Motiv drückt für mich den Sinn des Projektes aus: Vergangene Zeit, photographische Ästhetik, surreale Situation – ein Märchen.

Wir können Sie mit einem digitalen Hasselblad-Reflex auf Ihrem Porträt sehen. Wie hat sich Ihre Ausrüstung während der Entstehung dieser Serie entwickelt ? Nach welchen Qualitäten haben Sie gesucht?

Ich benutze gerne ein Zitat: „Ich bin sehr bescheiden. Das Beste reicht mir.“ Ich habe viele Jahre mit Hasselblad fotografiert. Leider hat mich die Firma bei einem Totalausfall in der Wüste nahe Las Vegas komplett allein gelassen. Inzwischen habe ich auf ein 100 MegaPix-Back mit Kamera von PhaseOne gewechselt. Die unvergleichlichen Objektive von Schneider-Kreuznach sind einfach großartig. Ansonsten sehe ich in der Kamera ein Werkzeug. Die großen Dateien bedeuten für mich höchste Präzission und eine hohe Dynamik bei den Tonwerten.

Welches waren Ihre Einschränkungen bezüglich der Objektive, und welche Objektive haben Sie verwendet ?

Nein, ich hatte keine Einschränkungen. Ich arbeite nur mit Stativ, Mittelformat und Objektiven mit diesen Brennweiten: 28mm, 40-80mm Zoom, 80mm. 80-150mm Zoom (alle von Schneider-Kreuznach)

Wie lange verbringen Sie normalerweise an einem Drehort ? Machen Sie viele Fotos ? Ich denke, es kann überwältigend sein, wenn Hunderte von Autos in der Nähe sind. Was ist Ihre traditionelle Herangehensweise an das Thema?

Der Aufenthalt lag tatsächlich zwischen drei Minuten und zwei Tagen. Das hängt natürlich vom Licht, dem Zeitpunkt und Möglichkeit für den Zugang zum Motiv ab. Bei Szenen mit vielen Motiven gehe ich ersteinmal ohne Auslösen über das Areal und entscheide sofort eine Auswahl. Bewerte ich die Motive als besonders gut, dann warte ich auf das richtige Licht. Manchmal musste ich viele Stunden warten, dann habe ich bisweilen zunächst eine Unterkunft gesucht und bin dann zurückgekehrt. Und dann wird ein Motiv nach dem anderen gemacht. Von jedem Motiv gibt es eine Belichtungsreihe, mal drei, mal fünf Stufen und ein Wechsel von Hoch- und Querformat, wenn das Motiv es möglich macht. Auf meinen Reisen habe ich zwischen 12 und 16 Stunden gearbeitet. Auch bei meinen Fahrten durch die USA. Die dritte war mit 14.500 Kilometern in sechs Wochen die anstrengenste. Da war ich hinterher ganz schön müde.

Sie scheinen in der Lichtstimmung sehr vorsichtig zu sein. Kommen Sie zu verschiedenen Zeitpunkten des Tages oder des Jahres zurück, um die zufriedenstellendste Atmosphäre zu finden?

Es gab einige Motive, die mich besonders begeisterten, aber das Licht war nicht immer interessant. Für das Bild mit dem 1937er Chrysler (mit den sieben Ästen durch die Frontscheiben) brauchte ich letztendlich drei Tage. Es gab zwar sehr viele weitere Motive auf dem Areal. Aber bis dieses weiche, warme Licht kam, dauerte es einfach. Da bin ich kompromisslos, warte und gehe immer wieder checken, solange bis es für mich stimmt.

Benutzen Sie manchmal künstliches Licht für die Außenaufnahmen ? Und wie haben Sie die Höhlenbilder beleuchtet ?

Bei extremen Kontrasten nutze ich eine leistungsstarke LED-Leuchte. Und im Licht der Dämmerung – meist sind die Belichtungszeiten schon bei mehr als einer Minute – da male ich Teilbereiche des Motives mit Licht an. In der Höhle benutzte ich neben der Taschenlampe vier weitere Baustellenlampen mit Accu, hatte Belichtungszeiten von mehreren Minuten. Das war ganz schön hart: stockdunkel, feucht, alles durcheinander. Aber total spannend.

Einige Bilder scheinen eine wichtige Verarbeitung durchlaufen zu haben. Wie stehen Sie zur Nachbearbeitung ? Welches Gleichgewicht suchen Sie zwischen Ausdruck und Realismus?

Für ein optimales Ergebnis korrigiere ich bisweilen Kontrast und Tonwerte. So wie man das in der analogen Fotografie in der Dunkelkammer auch machen kann bzw. konnte. Um alle Tonwerte und Stimmungen auf Papier drucken zu können, führe ich auch partielle Korrekturen durch. Was ich bei keinem Bild mache: inhaltliche Retusche. Keine Wolke ist hinein oder herausgenommen, kein Zaun, kein Kabel oder irgendetwas anderes wird retuschiert. Ich bestimme bei der Aufnahme neben dem Standpunkt auch den Ausschnitt. Und da meine Motive nicht weglaufen, kann ich das mit Stativ und entsprechender Ruhe durchführen. Ich glaube, dass der Inhalt meines Projektes für viele Betrachter vollkommen fremd ist, da möchte ich nicht in Verdacht geraten, dass ich Fake-Bilder mache.